#4 Dans la métropole grenobloise, le retour des agents du recensement
Les explorations d’Alex | 28 janvier 2022
Après une absence en 2021, le recensement de l’Insee a débuté dans certaines villes depuis le 20 janvier. Les agents, recrutés par les communes, vont rencontrer un échantillon de la population. Leur mission, mettre à jour les données sur la population et mieux connaître ses besoins. L’avertY s’est entretenu avec l’un d’eux.
Pour André*, c’est une première fois en tant qu’agent recenseur à Grenoble, métier qu’il qualifie de « découverte intéressante ». Interrogé sur le sens qu’il donne à ce travail, il évoque sans ambages une motivation économique : « c’est un revenu supplémentaire qui peut m’aider, à partir en vacances par exemple ». Mais au fil de l’entretien, ce sont des motifs bien plus profonds qui apparaissent. L’agent évoque une nécessité « d’aimer l’humain, car c’est au cœur du travail ». Dans la vie de tous les jours, André travaille auprès des demandeurs d’emploi dans une collectivité locale. Il évoque le lien évident entre son métier et la mission de recensement, « dans les deux cas, il faut être humble, bienveillant et à l’écoute des gens ». Si l’homme se retrouve dans ces traits de caractère, c’est qu’ils sont exigés en tant qu’agent recenseur, en particulier dans cette époque de pandémie.
Le recensement en période de Covid
En 2021, le recensement n’a pas eu lieu faute de personnel et par peur des contaminations entre les agents et les habitants. Cette année, plusieurs mesures censées assurer son bon déroulement ont été mises en place, « on a comme consigne de ne pas entrer chez les occupants et de les encourager à répondre par Internet », nous explique André. Cependant sur le terrain, la peur ne semble pas si présente : « même si on a quelques personnes qui nous claquent la porte au nez, 90% des gens sont bienveillants ». Pris de frissons, il se remémore une rencontre particulièrement touchante, « c’était un homme âgé de 70 ans je dirais, qui était vraiment content de voir un humain “qu’il peut toucher” et pas seulement par un écran ». Face à Internet, les personnes âgées semblent préférer l’humain, « ils souffrent d’une barrière avec le numérique, avec l’agent le lien est plus facile pour eux », souligne le cinquantenaire.
Pour comprendre le fonctionnement du recensement et son but, découvrez aussi cet encadré interactif.
Un travail qui nécessite de nombreuses qualités
Au-delà de la distribution des questionnaires statistiques aux habitants, les agents mobilisent bien d’autres talents dans leur travail. André explique la nécessité de « sentir le pouls » dans les cages d’escaliers et les parties communes des habitations : « il faut tenir compte du rythme de vie des gens, par exemple les mamans qui reviennent avec leurs enfants de l’école c’est vers 17 heures 30, les personnes âgées c’est aux environs de 18 heures juste avant de souper ». Il décrit ainsi son organisation, en commençant sa mission d’agent aux alentours de 17 heures jusqu’à 20 heures, mais pas plus tard, « j’essaie de rester raisonnable pour ne pas déranger les occupants ». André nous fait bien comprendre à quel point « l’enquête et l’intuition » sont essentielles pour l’agent recenseur. Interrogé sur les qualités requises pour être agent selon lui, il évoque aussi l’aspect physique, « quand je commence le recensement après la journée de mon emploi principal, on arrive en fin de journée et il faut se taper les neuf étages d’un immeuble sans ascenseur, ça demande du cardio », affirme-t-il en riant.
Être agent recenseur, une vraie expérience humaine
André est prêt à reprendre le flambeau l’année prochaine, « le lien humain me plaît beaucoup, il faut être méthodique et avoir beaucoup de motivation donc je serais sûrement candidat l’an prochain », nous annonce-t-il. En attendant 2023, le recensement a lieu cette année du 20 janvier au 26 février dans les villes de plus de 10 000 habitants. L’occasion peut-être pour certains grenoblois de rencontrer André. « En attendant la fin, j’y vais avec le sourire », déclare-t-il en conclusion de notre entretien.
*À sa demande, le prénom a été modifié pour préserver son anonymat.
Reportage d’Alex Callant, journaliste sur L’avertY.
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